Pour comprendre l’Histoire du clip, il faut d’abord se remémorer les débuts du cinéma. Dès 1895, les films projetés étaient souvent accompagnés de musique et d’effets sonores produits en direct par des musiciens. Néanmoins, les phonoscènes commençaient à se répandre: il s’agissait de films tournés en un plan séquence  avec un système de son synchronisé. Pour l’enregistrement, le chanteur apparaissant dans le film faisait du playback avec un disque préexistant. De 1902 à 1917, le succès fut tel que la société Gaumont en produisit plus de 700. Ce système permit à plusieurs stars du music-hall de l’époque d’accéder à une plus grande renommée. Ce fut notamment le cas du chanteur Dranem, suite à une phonoscène réalisée par Alice Guy, première femme réalisatrice de l’Histoire du cinéma.

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Le chanteur Dranem

En 1926, les frères Warner présentent le premier film sonore, Don Juan d’Alan Crosland, en utilisant un vitaphone. Cette machine permet la synchronisation d’un disque avec le projecteur. Un an plus tard, Le chanteur de jazz, lui aussi d’Alan Crosland, est le premier film parlé et chanté. En 1929, l’enregistrement du son par procédé optique dispose enfin le son à côté de l’image sur le même film. Dudley Murphy tourne alors de vrais courts-métrages musicaux avec Bessie Smith (St Louis Blues) ou Duke Ellington (Black and Tan).

Alan Crosland

Alan Crosland

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La même année Walt Disney se lance dans la production de Silly Symphonies. Ces courts-métrages lui permettent d’exploiter au maximum les nouveaux systèmes de sonorisation. Ils remportent un franc succès, permettant au public d’oublier un instant les sombres années de la Crise. Dix ans plus tard, Walt Disney se lancera dans la réalisation de Fantasia, un dessin animé sans dialogue dont l’unique but est d’illustrer en images huit morceaux incontournables de la musique classique.

En 1940 apparaissent, aux Etats-Unis, les soundies: lorsque l’on met un dollar dans un juke-box, une bobine 16mm se met en place et diffuse un film de la durée du morceau, sur lequel apparaît le chanteur chantant en playback dans un décor monté de toutes pièces. Ce système arrivera 20 ans plus tard en Europe sous le nom de scopitones. Ces juke-box peuvent diffuser plus de 30 films en couleur avec un son de haute qualité. Néanmoins, les tournages de trois heures maximum et des budgets ridicules obligent les réalisateurs à faire preuve d’une grande créativité.

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Scopitone

Dès 1964, les Beatles travaillent sur les séquences musicales de plusieurs films, dans le but d’élargir leur public en diffusant leurs chansons dans les salles de cinéma. Peu à peu, ils rendent ces séquences de plus en plus créatives: films à l’envers, surimpressions, animations, accélération du rythme de montage, tout est prétexte à de nouveaux jeux visuels. Une nouvelle force créative naît alors de l’association de la musique pop, des images et du cinéma.

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Les Beatles

En 1975, quand le groupe Queen envisage la promotion du morceau Bohemian Rapsody, un problème se pose à eux: il est musicalement trop complexe pour être joué en live. L’idée de produire une vidéo pour promouvoir le morceau s’impose alors. Bruce Gowers, réalisateur de télévision, utilise les moyens dont il dispose pour mettre en scène le groupe: démultiplications, fragmentation des images et filtres divers sont utilisés pour créer des images fortes et graphiques. Pour la première fois, une vidéo contribue de façon nette au succès massif d’un morceau et d’un groupe. La mode est alors lancée en Angleterre; les clips vidéos sont relayés par la télévision et atteignent un public de plus en plus vaste. Les maisons de disques s’en servent allègrement, espérant ainsi contrer le déclin de la vente des 33 tours et faire connaître leurs artistes.

Bohemian Rhapsody par Queen

Bohemian Rhapsody par Queen

En 1981, la chaîne américaine MTV (Music Television) voit le jour avec la diffusion du clip Radio killed the radio star des Buggles. Cette chaîne fait le pari de ne diffuser que des clips. Le principe est simple: les maisons de disques paient pour la promotion de leurs artistes via ce support. MTV est alors, et encore aujourd’hui, diffusée partout dans le monde.

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Si les artistes emploient des moyens visuels de plus en plus créatifs, certains mettent aussi l’accent sur l’aspect chorégraphique. C’est bien évidemment le cas de Michael Jackson dont les clips tels que Beat it (1982), Thriller (1983), ou encore Bad (1987) séduisent par l’utilisation d’effets spéciaux ainsi que par des chorégraphies particulièrement travaillées. Beaucoup de danseurs et chorégraphes renommés sont appelés à collaborer pour la réalisation de clips. C’est le cas de Blanca Li, célèbre chorégraphe franco-espagnole qui promeut la street dance sur la scène contemporaine, amenée à chorégraphier le clip du titre Around the world  des Daft Punk en 1997, ou encore Heard’em say de Keany West (2005) et Dance Tonight de Paul McCartney (2007). On peut aussi citer le chorégraphe français Philippe Decouflé, mondialement célèbre depuis ses chorégraphies présentées aux Jeux Olympiques d’Albertville en 1992, amené à travailler avec le groupe britannique New Order sur le titre True Faith, en 1987.

Around the world chorégraphié par Blanca Li

Around the world chorégraphié par Blanca Li

De nombreux clips vidéos sont aujourd’hui issus d’une collaboration entre un réalisateur de renom et un chorégraphe célèbre, mais un clin d’œil peut être fait à ces clips commerciaux qui font danser les foules ! Sur des schémas musicaux très simples, la vidéo incite le public à reproduire une chorégraphie toute aussi légère. Qui n’a jamais dansé la Macarena ?!

La Macarena

La Macarena

Révision

Révision

Ainsi, à défaut d’hanter les studios de danse cet été, pourquoi ne pas envahir les pistes des soirées dansantes ? Et pour clore ce chapitre, une seule question: quels seront le clip et la chorégraphie de cet été ?! A vos pronostics !

Zoom sur Thriller

Le 2 Décembre 1983, les spectateurs de la chaîne MTV ont découvert en exclusivité télévisuelle mondiale le clip de Thriller, septième single de l’album du même nom, de Michael Jackson.

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Pour ce véritable court-métrage, le chanteur a fait appel au réalisateur John Landis dont il a admiré les effets spéciaux dans le film Le loup-garou de Londres. 900 000 dollars sont dépensés pour mettre au point les chorégraphies, les maquillages, les répétitions et le tournage du film, faisant de ce clip le plus cher de l’époque.

Michael Jackson et John Landis

Michael Jackson et John Landis

Le maquilleur Rick Baker, spécialiste des effets spéciaux déjà à l’oeuvre sur Le loup-garou de Londres, se charge des zombies. Il apparaît d’ailleurs dans le clip sous la forme de l’un d’eux émergeant d’une tombe.

Séance maquillage pour Michael Jackson

Séance maquillage pour Michael Jackson

Quant à Michael Peters, après avoir collaboré avec Micheal Jackson pour le clip de Beat it dans lequel il incarne l’un des chefs de bande, il est chargé de superviser la chorégraphie. Ce chorégraphe, qui a dansé avec Alvin Ailey ou encore Talley Beatty, met donc au point un enchaînement de mouvements aujourd’hui culte !

Michael Peters et Michael Jackson dans Beat it

Michael Peters (en blanc) et Michael Jackson dans Beat it

Le tournage du clip est un évènement en soi. Sur le plateau se succèdent les célébrités telles que Marlon Brando, Fred Astaire ou encore Jackie Kennedy Onassis. L’information n’a jamais été confirmée mais il semblerait que Janet Jackson campe l’un des zombies de la chorégraphie centrale du clip.

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Le mini-film de 13 minutes est projeté en avant-première dans un cinéma de Los Angeles  le 14 novembre 1983, en présence d’Eddie Murphy (acteur fétiche de John Landis), de Prince et de Diana Ross. Le film est ensuite exploité en salle pendant un mois, le temps d’une nomination aux oscars !

Puis le clip se vend à hauteur de 9,5 millions d’exemplaires en VHS, format alors en plein essor. Un million de singles supplémentaire est vendu durant la semaine  qui succède la diffusion du clip.

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Dans le cadre de sa tournée This is it, Michael Jackson comptait proposer une nouvelle version de Thriller, agrémentée de séquences 3D. Quelques images du tournage et du résultat final sont dévoilées dans le film Michael Jackson-This is it de Kenny Ortega.

A voir

Alice Guy tournant une phonoscène en 1905

Extrait de The jazz singer (1927)

Extrait de Fantasia de Walt Disney (1940)

Beat it de Michael Jackson (1982)

DECONSEILLE AUX PLUS JEUNES Thriller de Michael Jackson (1983)

Bad de Micheal Jackson (1987)

Dansée par une talentueuse jeune fille, la chorégraphie de Chandelier de Sia a énormément participé au succès du morceau en 2014

Avec Mia Frye, revoyez les bases de la macarena !

Sans oublier nos clips sur la chaîne Viméo de Temps Danse Asnières !
Retrouvez des vidéos sur la playlist Youtube de Temps Danse Asnières

Sources
Wikipédia
Sites Internet : www.upopi.ciclic.fr ;  www.beatchronic.com ; www.vogue.fr ; www.allocine.fr ; www.vanityfaire.fr