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Cet été, vous avez marché, dansé, couru, nagé, sans cesse sollicité cet ensemble de 26 os et 34 articulations : le pied !

Mais à quoi ressemble-t-il exactement ?

schema_os_du_pied

muscles_du_pied

anatomie_du_pied

En danse, on évoque très souvent le « cou-de-pied » (maintes fois confondu avec le couP de pied !), celui-ci correspond à la partie reliant la jambe et le pied. Il est préférable d’avoir un cou-de-pied fort pour obtenir une belle ligne courbe lorsque le pied est pointé et afin de faciliter la montée sur pointe en danse classique.

A l’image d’Isadora Duncan, l’une des pionnières de ce courant, les interprètes de la danse contemporaine dansent pieds nus.

Mais si parfois les danseurs évoluent aussi pieds nus dans d’autres disciplines telles que la danse africaine ou encore la danse indienne,  il est souvent nécessaire de trouver chaussure à son pied !

pied_en_danse_indienne

En claquettes, les fers fixés sous la semelle permettent de marquer le rythme.

chassures_de_claquettes

En flamenco, l’escobilla (solo) laisse une large place au zapateado, ces frappes du pied emblématiques de ce type de danse.

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chaussures_de_flamenco_homme

En danse jazz, beaucoup d’artistes préfèrent danser pieds nus, afin de mieux « sentir le sol », de mieux sentir leurs appuis et la manière dont est réparti le poids du corps sur chaque partie du pied. Néanmoins, ils sont aussi nombreux à utiliser des chaussons de jazz, reconnaissables à leur petit talon.

chaussons_de_danse_jazzLa semelle en cuir des chaussures utilisées en danse de salon se doit d’être très souple. Le talon attribue à la danseuse une silhouette élégante et plus de légèreté.

salsa

Enfin, en danse classique, on utilise les demi-pointes ou les pointes. Le Zoom de ce dossier est d’ailleurs consacré à ces dernières.

pieds_sur_pointes

Les pieds nus ou chaussés des danseurs sont soumis à une grande exigence de travail et par conséquent, parfois, à des traumatismes.

D’un point de vue hygiénique, afin d’éviter l’apparition de mycoses, il est important de bien sécher le pied après la pratique de la danse.

Les pieds nus des danseurs peuvent être exposés à des brûlures sur les tapis de sol, il est alors recommandé de marcher pied nu chez soi afin de laisser sécher la blessure. Si une ampoule se perce, il faut bien entendu désinfecter à l’aide d’un antiseptique. La zone de l’ampoule peut ensuite être protégée par un pansement « double-peau » proposé par la gamme Compeed. Là aussi, il est nécessaire de laisser sécher la zone concernée, éventuellement recouverte d’éosine aqueuse lorsque la cicatrisation est déjà suffisamment entamée.

Les première phalanges des orteils peuvent subir de fortes de pressions dans les chaussons  provoquant l’apparition de cors. Il est alors conseillé  de poncer les orteils à l’aide d’une pierre après le bain.

Il est impératif de ne pas chausser de pointe lorsque l’on a un ongle incarné ; cela se produit souvent au niveau du gros orteil : l’ongle de ce dernier pousse dans la peau sur les côtés provoquant une rougeur de la zone et une douleur lors d’une pression. Si rien n’est fait, cela peut s’infecter. Dans un premier temps, il est recommandé de laisser tremper le pied quinze minutes dans un bain d’eau chaude afin de ramollir la peau et de soulager la douleur. Il faut ensuite glisser un petit morceau de coton entre l’ongle et la peau afin que d’éviter qu’il ne la blesse davantage et renouveler l’opération deux à trois fois par jour. Si aucune amélioration n’est observée après deux jours, il est nécessaire de consulter un médecin.

radio_d_un_pied_sur_pointe

Radio d’un pied sur pointe

Lorsqu’une entorse survient en cours ou en répétition de danse, il faut tout-de-suite surélever le pied et mettre de la glace à travers un torchon. Il ne faut pas dépasser un maximum de quinze minutes de pose, la glace risquant de provoquer une brûlure de la peau. Si le lendemain, il n’y a plus de douleur ressentie et aucun signe de traumatisme, les ligaments n’ont subi qu’un fort étirement sur le moment, le danseur peut donc reprendre son entraînement. En revanche, si dans l’heure suivant la blessure, la zone enfle, il faut consulter un médecin. Une entorse peut nécessiter un minimum de trois semaines d’arrêt du sport et dans les cas extrêmes, une intervention chirurgicale de reconstruction des ligaments.

Les danseurs peuvent aussi faire face à différents types de tendinites : la tendinite du fléchisseur propre de l’hallux (ou fléchisseur du gros orteil) survient lors de la montée sur pointe ou sur demi-pointe. La tendinopathie d’Achille peut aboutir à la rupture de tendon situé à l’arrière de la cheville. Elle est liée aux impulsions et réceptions des sauts et donne des douleurs à la palpation du tendon et lors des mouvements traumatisants.

D’autres blessures peuvent survenir suite aux chocs répétés entre les os de la cheville et du tibia lors de la montée sur pointe.

Enfin, l’hallux valgus, déformation du gros orteil, apparaît aussi progressivement suite à un travail intensif sur pointes. Cette pathologie qui touche 80% des danseuses professionnelles est considérée comme une véritable maladie professionnelle.

Le traitement de ces pathologies est essentiellement médical ou parfois chirurgical. Il nécessite du repos et une rééducation spécifique ainsi que la correction des gestes inappropriés.

Il est avant tout important de danser sur des surfaces adaptées : Benjamin Millepied, Directeur de la Danse de l’Opéra de Paris, a fait changer tous les parquets des salles de danse de cette institution dès sa prise de poste, considérant que les anciens parquets n’absorbaient pas suffisamment les chocs. Il faut aussi éviter la pratique trop précoce des pointes alors que la maturation osseuse est encore insuffisante. On débute souvent les pointes à l’âge de 10 ans et de manière progressive : le travail se fait d’abord à la barre, pas plus d’un quart d’heure.

Zoom sur les pointes

Les demi-pointes, qu’elles soient bi-semelles ou à semelle entière sont totalement souples. Elles permettent d’exécuter les relevés en répartissant le poids du corps sur les métatarses et les orteils et non sur la pointe de ces derniers.

demi_pointes

On retient souvent le rôle de Marie Taglioni dans La Sylphide en 1832 comme étant le premier rôle interprété sur pointes. Néanmoins, il est probable que d’autres danseuses se soient essayées à cet exercice peu avant.  A l’époque, le chausson était souple et simplement gainé à l’intérieur par du cuir afin de serrer le pied pour pouvoir monter dessus. La danseuse n’effectuait donc que de brefs passages par la pointe et ne restait pas en équilibre. A noter qu’à l’époque, la morphologie et le poids des danseuses étaient aussi sensiblement différents d’aujourd’hui.  Les premières pointes renforcées par du papier, du carton et du cuir furent fabriquées par les Italiens Nicolini et Porselli à la fin du XIXème siècle. A partir du XXème, la France, l’Angleterre, la Russie et les Etats-Unis suivirent le mouvement. L’évolution de la technique de fabrication des pointes suivit celle des revêtements de scène : peu à peu apparurent des tapis permettant de moins user le bout des pointes (plus besoin de broder celui-ci pour assurer sa solidité et une meilleure stabilité !), de moins glisser et de faire moins de bruit. De nos jours, bon nombre de marques proposent des pointes variées permettant à chaque danseuse de trouver le modèle adapté à son pied.

Une pointe est constituée de différentes parties :

differentes_parties_d_une_pointe_vue_de_profildifferentes_parties_d_une_pointe

-La plateforme est la zone sur laquelle le danseur tient en équilibre. Certains fabricants y intègrent des matériaux synthétiques afin d’absorber les chocs et les bruits. Malheureusement, parfois, ces matériaux limitent aussi les sensations des danseurs.

-La boîte est la partie qui maintient l’avant du pied. Elle est plus ou moins large suivant la morphologie. Il est nécessaire que le pied soit tenu et les orteils étalés ; ces derniers ne doivent pas se chevaucher. La boîte est constituée d’une superposition de toile de jute et de papier. La couche interne est en tissu de coton fin et la couche externe en papier de soie.

-Les joues, côtés de la boîte, peuvent être plus ou moins souples.

-L’empeigne correspond à la partie qui recouvre le dessus des orteils, elle est plus ou moins longue suivant la longueur des orteils et la force du pied.

-Le cambrion est la partie en bois reconstitué placée entre la semelle interne et la semelle externe.

-Le patin est la semelle interne sur laquelle est fixé le cambrion.  Si la danseuse a un fort cou-de-pied, ce patin peut être coupé. Cela permet une descente de la position sur pointe avec plus de douceur. Pour une danseuse débutante, le patin doit être entier afin de faciliter la montée et d’assurer un meilleur soutien du pied en relevé.

-Le cordon de serrage fait tout le tour du chausson. Comme sur les demi-pointes, celui-ci permet d’adapter la forme du chausson au pied. Attention de ne pas le bloquer dans sa glissière lorsque l’on coud les élastiques et les rubans nécessaires pour tenir la pointe !

Il est impératif d’essayer la paire de pointes en magasin avant l’achat. Les vendeurs sont souvent de très bon conseil : pour les débutants, ils observent les relevés à la barre et orientent l’élève vers le modèle adéquat.

Pour assurer la pérennité de la pointe, il faut aussi la laisser aérer à la fin d’un cours ou d’une répétition, l’humidité risquant de ramollir le chausson.  Si un élève débutant ne changera de pointes qu’une fois dans une année, le plus souvent pour une raison de pointure, une danseuse étoile changera de paire…plusieurs fois dans l’exécution d’un seul ballet sur scène !

A voir

Sources : « Danse, Anatomie et Mouvements »
auteur : Jacqui Greene Haas, éditions : Vigot
Magazine Danser n=°242, 255 et 256
Site internet de Danse Passion
Site internet de Dansomanie
Site internet de Femme Actuelle