La Belle au Bois Dormant
Piotr Ilitch Tchaïkovski n’a pas eu l’occasion de véritablement travailler avec Marius Petipa, célèbre chorégraphe des Ballets Russes, pour la création du Lac des Cygnes. Marius Petipa, alors malade, avait été remplacé par son assistant, Lev Ivanov.
En revanche pour La Belle au Bois Dormant, il s’agit d’une véritable collaboration entre le compositeur et le chorégraphe.
Le 25 Mai 1888, le directeur du Théâtre Impérial de Saint-Pétersbourg, Ivan Vsevolojski, propose à Tchaïkovski de composer une partition basée sur le conte de La Belle au Bois Dormant écrit par Charles Perrault. Une version de Jean-Pierre Aumer avait déjà été présentée à L’Opéra de Paris, le 27 août 1829, avec Marie Taglioni dans le rôle d’une naïade.
Pour sa version, Tchaïkovski s’appuie sur la reprise du conte faite par les frères Grimm. Ici, les parents de la princesse survivent aux cent ans de sommeil et assistent au mariage de leur fille. Il suit aussi à la lettre les instructions données par Marius Petipa concernant des morceaux nécessaires à sa création chorégraphique. Marius Petipa tient à ce que la chorégraphie serve pleinement l’histoire. Les duos et solos doivent être aussi grandioses que les chorégraphies d’ensemble, comme en témoignera le Pas de Deux final du prince et de la princesse.
Comme pour le Lac des Cygnes, deux leitmotivs musicaux soutiennent l’intrigue. Ils représentent le Bien et le Mal, symbolisés par la Fée des Lilas et la Fée Carabosse.
L’histoire débute par le baptême de la fille du Roi Florestan XIV, Aurore, auquel sont conviées toutes les fées du royaume. Chacune apporte un don pour la princesse : la beauté, la générosité et la grâce. La Fée Carabosse, furieuse de n’avoir pas été invitée, interrompt la célébration et jette un sort sur la princesse : le jour de ses 16 ans, cette dernière se piquera et mourra. La Fée des Lilas n’ayant pas encore offert son don mais n’ayant pas un pouvoir suffisant pour contrer celui de la Fée Carabosse, modifie néanmoins le sort : lorsque la princesse se piquera, elle ne mourra pas mais sera plongée dans un sommeil profond de cent ans; seul le baiser d’un prince pourra la libérer.

La Fée Carabosse
A la demande d’Ivan Vsevolojski, des personnages d’autres contes sont insérés dans la somptueuse scène finale du mariage, tels que le Chat Botté ou encore Cendrillon.

Première de La Belle au Bois Dormant
La première mondiale du ballet est présentée le 15 janvier 1890 au Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg. En 1903, le ballet est classé deuxième des ballets les plus représentés du Répertoire Impérial, derrière La fille du pharaon. C’est le ballet le plus long écrit par Tchaïkovski. Durant près de quatre heures, il est souvent abrégé lors des représentations.
Zoom sur la Danse en Russie

La Belle au Bois Dormant par le Russian Classical Ballet
En 1738 est créée L’Ecole Impériale du Ballet. Son but est de former la première compagnie de danse de Russie, le Ballet Impérial Russe. Dès 1860, elle est rattachée au Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg. La plupart de ses professeurs vient d’Europe Occidentale; ils importent ainsi différentes méthodes. L’influence des maîtres de ballet venus de France est immense. Ainsi l’héritage de maîtres tels que Jules Perrot ou encore Marius Petipa perdure encore aujourd’hui. Deux maîtres de ballet russes laissent aussi leur empreinte au début du XXème siècle : Lev Ivanov et Michel Fokine.
Lors de la Révolution d’Octobre 1917, l’Ecole Impériale du Ballet est dissoute et remplacée par l’Institut Chorégraphique de Léningrad, tandis que les Ballets Impériaux deviennent le Ballet Soviétique. Le Théâtre Mariinski, quant à lui, est renommé Théâtre Kirov.
A partir des années 20, malgré des moyens précaires dus à la Révolution, la ballerine Agrippina Vaganova s’efforce de transmettre un enseignement de la Danse tel qu’elle la reçu dans le Ballet Impérial. En 1957, l’institut devient l’Académie de Ballet Vaganova.
Aujourd’hui, l’Académie fonctionne de manière quasi-similaire à l’Opéra de Paris : les danseurs bénéficient d’une solilde formation au sein de l’Académie et, à l’issue de celle-ci, peuvent prétendre à une place dans le Ballet Impérial.
Le Russian Classical Ballet, présentant La Belle au Bois Dormant , les 9 et 10 février 2016 au Théâtre Armande Béjart d’Asnières, est fondé dans les années 1990. Ses danseurs sont issus des grandes compagnies russes ainsi que de compagnies d’Ukraine ou encore de Moldavie. La compagnie s’entraîne à Moscou où elle dispose de son propre atelier de confection de costumes.
A voir
La Belle au Bois Dormant par le Ballet de l’Opéra de Paris, en 2013
Tournée de La Belle au Bois Dormant par le Ballet de Saint-Pétersbourg
Pas de deux par Myriam Ould-Braham et Mathias Heymann
Retrouvez toutes ces vidéos sur la playlist Youtube de Temps Danse Asnières
Sources
Site internet du Théâtre Armande Béjart www.theatrearmandebejart.com
Site internet du Russian Classical Ballet www.therussianclassicalballet.com
Wikipedia