La tête, la cage thoracique et le bassin font partie des trois « masses » du squelette humain. La mobilité de la tête et du bassin étant très développée, celle-ci est emblématique de la danse orientale mais aussi très appréciée des chorégraphes de Danse Jazz et de Hip-Hop.

Dansée essentiellement par des femmes, la Danse Orientale exploite au maximum cette mobilité du bassin. Originaire d’Egypte, au Xème sièce, puis développée au Maghreb et au Proche-Orient, la danse orientale est reconnue comme l’une des plus anciennes danses du monde.  Associée, pour certains, à des rites de fertilité, cette forme de danse met en avant le corps de la femme alliant souplesse et robustesse. Les isolations de bassin et de buste étant très accentuées, la danseuse doit assurer le maintien de son dos par la force des muscles dorsaux et par ses abdominaux. Les Français découvrirent la Danse Orientale pendant la campagne d’Egypte de Napoléon Bonaparte, entre 1798 et 1801. Les premiers lieux de spectacle de danse orientale furent ouverts au Caire en 1926, par la danseuse et actrice Badia Masabni. Les danseuses orientales de l’époque furent formées, entre autres, par des professeurs de Danse Classique, permettant alors d’intégrer dans leur danse des mouvements plus adaptés à la scène.

Les mouvements de bassin déjà présents dans les danses vernaculaires se sont aussi facilement intégrés à la Danse Jazz, les isolations faisant partie de l’identité même de ce type de danse. Le mess-around (littéralement : met le bazar) engage en particulier le bassin dans un mouvement circulaire. Comme le décrivent Odile Cougoule, Daniel Ousset et Patricia Karagozian dans Enseigner la Danse Jazz, ce mouvement peut s’effectuer sur place, les pieds ancrés dans le sol ; il peut aussi permettre le passage d’une quatrième jazz à une autre, ou encore s’effectuer de manière coordonnée avec un mouvement de pivot. Le nom atypique de ce mouvement est issu de l’effet produit par ce dernier lorsqu’il était effectué par les femmes dans les clubs de danse des années 20 : cette rotation du bassin avait aussi le pouvoir de faire tourner les têtes !

Les isolations de bassin prononcées de certains artistes sont aussi restées célèbres : la notoriété d’Elvis Presley, de John Travolta, ou encore de Michael Jackson, reposait non seulement sur l’étendue de leurs talents mais aussi sur leur fameux déhanché…

Elvis Presley

John Travolta

Michael Jackson

Le mouvement de balance du bassin d’avant en arrière est, d’un point de vue technique, constitué d’un rapide passage d’une rétroversion à une antéversion du bassin. En rétroversion, le pubis est poussé en avant tandis qu’en antéversion, il est poussé vers l’arrière.  Ce passage de l’antéversion à la rétroversion s’effectue principalement au niveau de l’articulation lombo-sacrée.

Le déhanché de droite à gauche s’effectue, lui, au niveau de l’articulation de la hanche sur laquelle nous reviendrons plus loin dans cet exposé. Chaque fémur se soulève tandis que les pieds sont ancrés dans le sol, ce qui provoque une balance du bassin d’un côté puis de l’autre.

De manière générale, les mouvements du bassin dans son ensemble sollicitent des muscles fessiers ainsi que des muscles du bas du dos (tels que décrits dans notre dossier « Des mots du dos »).

Si ces mouvements de bassin font le bonheur des danseurs de danses modernes, en Danse Classique, les danseurs recherchent surtout ce qu’ils définissent comme l’alignement des trois masses. Les muscles du ventre et du dos travaillent de manière antagoniste pour permettre au danseur de maintenir au mieux son équilibre, au plus proche de l’axe central de son squelette. Il n’est pas rare, dans l’exécution d’un grand plié par exemple, d’entendre parler de direction du sacrum vers le sol : le sacrum pouvant être décrit comme un triangle orienté vers le sol, visualiser cette position permet au danseur de stabiliser son bassin en position neutre, évitant ainsi l’antéversion ou la rétroversion.

De la même manière, imaginer un plateau reposant sur les crêtes iliaques permet au danseur d’effectuer correctement un dos plat. En effet, ce mouvement est plus facile à réaliser lorsque l’on imagine une surface plane penchant peu à peu vers l’avant.

Zoom sur la hanche

L’articulation ilio-fémorale relie le fémur, os supérieur de la jambe, à la sorte d’hélice que l’on pourrait considérer comme la structure principale du bassin : l’iliaque. Le bassin comprend donc deux hélices de chaque côté, reliée chacune à un fémur.

Dans la vie de tous les jours, c’est au niveau de cette articulation que s’effectuent les mouvements de marche, de pédalage, ou de montée des escaliers. Pour les danseurs, c’est aussi au niveau de cette articulation que s’effectue le passage de l’en-dehors à l’en-dedans.

Souvent, l’en-dehors est associé à la position des pieds : lorsque l’on débute, on a tendance à forcer la position des pointes de pieds vers l’extérieur pour obtenir une position ouverte plus jolie. Cependant, l’en-dehors provient avant-tout de l’ouverture de la hanche : la cuisse s’ouvre vers l’extérieur, sans entraîner de mouvement du bassin ou du dos. Si les pieds tournent vers l’extérieur, c’est parce qu’ils sont dans le prolongement de la jambe. Accentuer, de manière répétitive, la position des pieds risque donc d’entraîner des blessures au niveau des chevilles ou au niveau des genoux.

L’ouverture de la hanche est plus ou moins prononcée chez chaque danseur : cela dépend la forme de son ossature, de l’élasticité de ses ligaments, de la longueur de ses tendons ainsi que de la souplesse de ses muscles. Pour améliorer son en-dehors, le danseur doit donc assouplir la partie interne de sa hanche et renforcer ses muscles fessiers. Pour assouplir cette zone, il est notamment possible de s’asseoir sur une chaise, un pied posé sur un genou : il faut alors presser doucement le genou soulevé, vers le sol, tout en expirant.

Muscles rotateurs externes de la hanche

Cependant, le danseur doit aussi entretenir ses muscles rotateurs internes pour faciliter le passage de l’en-dehors à l’en-dedans.

Muscles rotateurs internes de la hanche

C’est aussi au niveau de la hanche que débute le travail de levé de jambe. Pour placer sa jambe en position tendue derrière, position appelée arabesque,le danseur doit développer sa souplesse en extension de la hanche et favoriser la contraction des muscles fessiers et du bas du dos.

Pour lever sa jambe devant ou sur le côté, les danseurs négligent trop souvent l’importance du muscle ilio-psoas.

En effet, ce muscle profond permet d’alléger le travail des muscles  superficiels tels que, entre autres, les muscles supérieurs de la cuisse ; il est donc essentiel d’entretenir sa force. Cela peut se faire par le travail régulier de petites flexions de la hanche, en restant attentif au fait de ne pas entraîner de mouvement du bassin dans sa globalité. Il faut aussi régulièrement l’étirer : un exercice simple consiste à se placer à genoux puis glisser un genou en arrière tout en poussant le bassin en avant. Dans cette position, la hanche est au maximum de son extension, ce qui permet l’étirement du muscle psoas.

Ainsi entretenu, la contraction contrôlée du psoas facilite les levés de jambe.

Sylvie Guillem

De nombreuses publications de qualité décrivent de manière simplifiée l’anatomie détaillée du bassin et plus précisément de la hanche, ainsi que le fonctionnement de cette dernière. Le travail du danseur ne sera qu’enrichi de ce type de lecture !

A voir

Sources :
 « Enseigner la danse jazz »
Auteurs : Odile Cougoule avec Daniel Housset et Patricia Karagozian
Edition Cahier de pédagogie Centre National de la danse
« Danse et Santé »
Auteur : Judith R.Peterson
Ed. Gremese
« Danse, Anatomie et mouvements »
Auteur : Jacqui Greene Has
Ed. Vigot