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Alvin Ailey naît à Rogers, au Texas, le 5 janvier 1931 dans un climat de ségrégation raciale. Sa mère, âgée de 17 ans, abandonnée par son compagnon, a du mal à trouver du travail. Elle et Alvin Ailey sont contraints de déménager à plusieurs reprises.

Alors qu’Alvin Ailey est âgé de douze ans, ils emménagent à Los Angeles. C’est là qu’Alvin Ailey débute sa formation : il prend des cours de danse classique et de danse moderne. Il fait la connaissance de Katherine Dunham, une ethnologue intéressée par les interférences entre la danse africaine et les différents pays du Nouveau Monde. Aux côtés de Katherine Dunham, Talley Beatty et Donald McKayle, Alvin Ailey travaille à partir des musiques, des gestes et des rythmes noirs. Marqué par ce qu’il a pu observer dans son enfance, il tient à affirmer l’originalité de la culture noire.

En 1949, il quitte le groupe de Katherine Dunham pour rejoindre celui de Lester Horton.

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Lester Horton

Dans une lettre à Pierre Dorathi Bock, Horton avait défini sa propre technique comme  « une technique de danse basée entièrement sur des exercices correctifs, créés à partir de la connaissance de l’anatomie humaine, une technique qui permet de corriger les défauts physiques et de préparer un danseur pour tous les types de danse qu’il souhaitera appréhender ». Alvin Ailey exploite au maximum les fondements de cette technique, tout en l’alliant parfaitement à son héritage culturel.

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A 22 ans, à la mort de Lester Horton, Alvin Ailey lui succède à la direction de son Dance Theater of Los Angeles.

En 1958, Alvin Ailey quitte le Dance Theater of Los Angeles pour fonder sa propre compagnie à New York, The Alvin Ailey American Dance Theater. Le 30 mars de cette même année, il est repéré avec son premier ballet Blues Suite. Sur des musiques blues, Alvin Ailey allie ses bases de danse moderne, de danse jazz et de danse africaine à une utilisation recherchée des costumes, du maquillage et des effets de lumière, pour susciter une intense émotion et exprimer toute la souffrance et la colère des Afro-Américains. Ce ballet définit ainsi son style.

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Deux ans plus tard, Alvin Ailey est consacré grâce à son ballet Revelations.

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Dernière section de Revelations (photographe Manny Hernandez)

A partir de 1965, il abandonne la scène pour se consacrer à la seule chorégraphie, composant ainsi des œuvres pour des compagnies majeures dont le Joffrey Ballet ou le Harkness Ballet.

En 1971, il compose Cry, un émouvant solo dédié « A toutes les femmes noires du monde – en particulier à nos mères ». La pièce joue de la grande fluidité de la gestuelle d’Alvin Ailey et de la simplicité de l’évocation.

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Le public découvre alors une longue danseuse noire de vingt-sept ans, Judith Jamison.

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Judith Jamison

C’est elle qui succède à Alvin Ailey à la tête de l’AAADT, le 1er décembre 1989, lorsque celui-ci décède à l’âge de 58 ans.

Alvin Ailey voulait que chaque danseur de sa compagnie aborde ses chorégraphies en les imprégnant de sa propre personnalité, de son propre talent. Les danseurs de l’Alvin Ailey American Dance Theater proviennent aussi bien d’écoles de danse classique que d’écoles de danse jazz, modern ou hip-hop.

L’expressivité tenait, pour Alvin Ailey une place aussi importante que la technique. Il revendiquait pour son art et sa culture une reconnaissance à part entière.

En 2014, le président des Etats-Unis, Barack Obama, sélectionna Alvin Ailey pour recevoir, à titre posthume, la Médaille Présidentielle de la Liberté.

Aujourd’hui encore, sa compagnie, régulièrement de passage à Paris, tourne dans le monde entier. Des extraits de Revelations demeurent au programme.

Zoom sur Revelations 

Produit pour la première fois par l’Alvin Ailey American Dance Theater à New York, le 31 Janvier 1960, ce ballet met en avant la ténacité des Afro-Américains face à l’esclavage et le chemin parcouru jusqu’à leur émancipation, à travers un enchaînement de chorégraphies exécutées sur des musiques gospel et blues.

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Première section de Revelations (photographe Paul Kolnik)

Lors de la première, cette pièce chorégraphique comptait quinze sections, incluait un chœur chantant sur scène, durait plus d’une heure et comprenait deux soli.

Peu à peu, des sections furent supprimées et à l’occasion d’une grande tournée sponsorisée par le Département des Etats-Unis, en 1962, Alvien Ailey fut contraint d’enregistrer la musique de Revelations. La musique originale comprenait des parties de guitare, de percussions, de violon et de voix ; le panel des instruments fut étendu au synthétiseur et à la basse.

Revelations est aujourd’hui divisé en trois parties : Pilgrim of Sorrow ; Take Me to the Water ; Move Members, Move.

Take Me to the Water met en scène une cérémonie de baptême. Un large groupe de danseurs habillés de blanc, constitue une procession vers le lieu de la purification. Un homme baptise un couple dans une rivière représentée sur scène par de longs draps de soie bleue. La cérémonie est suivie du solo « I Wanna Be Ready » représentant un homme se préparant pour la mort.

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Move Members, Move célèbre le pouvoir libérateur de la musique gospel du XXème siècle. Cette section comprend l’énergique trio Sinner Man et la célèbre partie Yellow se tenant dans une église baptiste du Sud rural. Dix-huit danseurs, habillés de jaune et tenant des éventails, mettent en scène un service religieux. A travers de complexes jeux de jambes exécutés à l’unisson, ils incarnent la joie et la foi.

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A voir

Ailey II in Blues Suite

cry section 2

So You Think You Can Dance Season 03/Episode 15 – Alvin Ailey « Sinner Man »

ALVIN AILEY AMERICAN DANCE THEATER (2002-03)

Retrouvez toutes ces vidéos sur la playlist Youtube de Temps Danse Asnières

 

Sources
 « Légendes de la Danse, Une histoire en photos 1900-2000 »
auteur : Philippe Verrièle, éditions : Hors Collection
« La danse au XXe siècle »
auteurs : Isabelle Ginot et Marcelle Michel, éditions : Larousse 
Wikipedia